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la peur est naturelle, mais ne lui cédons pas

Les attaques à Bruxelles nous font tous frémir, comme celles de Paris avant elles. On peut lire un peu partout qu'il ne faut pas céder à la peur. Certes. La peur est naturelle. L'important est de ne pas se laisser envahir par elle. Quand elle survient, il est important de la regarder, et de sentir ses effets dans notre corps. Les évènements nous font mal, peur, mais à partir d'eux notre mental en rejoute et construit des histoires qui nous terrifient.

La peur est naturelle, et même parfois nécessaire lorsqu'il s'agit de fuir un danger réel. Laissons-là exister et nous rendre vigilants. Ce sont les amplifications du mental qui sont délétères. Elles nous paralysent.

Servons-nous du mental plutôt pour comprendre la situation. Comprendre que la religion n'est qu'un prétexte, que ces barbares vivent à un autre millénaire, eux qui nous nomment les Croisés! Comprendre que toute religion est susceptible de générer des débordements et qu'en même temps ces excès n'ont rien à voir avec elle. Les barbares qui cherchent à semer la terreur sont des dérangés de l'esprit, tout comme Hitler ou Staline l'étaient. Et de même qu'il ne fallait pas confondre tous les Allemands ou tous les Russes avec le dictateur qui avait pris le pouvoir sur eux, il est urgent de ne pas confondre ces fous avec l'ensemble des Musulmans et/ou des Arabes.

Hitler et Staline ont entraîné des hordes à leur suite. Les chefs de Daesh aussi. Les gens les plus intelligents peuvent se laisser piéger par le charisme d'un fou. Car oui, ils ont du charisme. Et ceux qui les suivent ne sont pas idiots mais souffrent d'une grande vulnérabilité.

Alors, en même temps qu'il nous faut, individuellement et collectivement, être vigilants et mettre fin à ces monstruosités, en même temps qu'il nous faut demander à nos gouvernants d'être fermes, il nous est nécessaire de regarder en nous pour y rencontrer nos propres vulnérabilités et aussi nos propres capacités de manipulation. Si, si...Car ce que nous voyons et subissons au-dehors est toujours un miroir amplifié de ce qui se trouve potentiellement en chacun de nous. Lorsque j'évoque la manipulation, je ne veux évidemment pas dire que nous sommes tous des pervers narcissiques; mais il nous arrive à tous, un jour ou l'autre, d'utiliser de petites manipulations pour obtenir ce que nous voulons, des manipulations vénielles peut-être, mais elles n'en demeurent pas moins des manipulations. Quant à nos vulnérabilités, ne nous laissons-nous jamais influencer sans trop réfléchir? Ne nous laissons-nous jamais manipuler?

L'épouvante est au dehors, mais sa source est en chacun de nous, acceptons-le, accueillons-le. Car c'est en faisant de l'espace pour l'ombre que nous pouvons en faire pour la lumière.

l'éternité

L'éternité, c'est quand?

Nous avons l'habitude de parler des mourants en disant qu'ils sont au bord de l'éternité et des défunts qu'ils sont entrés dans l'éternité. Nous ne voyons pas plus loin que le bout...de nos vies! Parce que nous limitons notre temps à celui de notre corps, nous lui voyons une fin. Mais la fin de notre corps est-elle notre fin? Et d'ailleurs, notre corps a-t-il vraiment une fin? Ou sa transformation sert-elle à la perpétuation de la vie, seulement sous une autre forme qu'humaine?

L'éternité...quand j'étais enfant et qu'au catéchisme était évoqué l'éternité, je me rappelle qu'elle me mettait dans un état de grand inconfort. Ce "sans fin" était comme un tunnel infini dont on ne sortait jamais.

Plus tard, beaucoup plus tard, la méditation m'a permis de saisir, de façon certes très fugace, que l'éternité n'était ni ailleurs ni dans un autre temps, mais ici et maintenant. Lorsque le silence s'installe en soi et que l'on est totalement présent, c'est-à-dire, de tout son corps, de tout son cœur et de toute son âme, vient un ressenti fugitif, subtil et profond, que cet instant présent est sans limite, sans début ni fin. Il nous place au cœur de l'insaisissable.

Il est impossible de s'arrêter sur l'instant présent; au moment même où nous l'appréhendons, nous sommes déjà dans l'instant d'après. Cependant, parfois, une fraction infinitésimale de seconde nous permet de ressentir ce vertige que procure l'infini avant de s'en laisser envelopper.

Il n'y a pas d'avant, ni d'après...il y a l'éternité de maintenant.

 

 

 

se faire du bien

Et si, au lieu de nous laisser submerger par les mauvaises nouvelles qui nous arrivent de partout, nous décidions de remarquer ce qui marche, ce qui nous fait du bien, ce qui évolue dans le bon sens?

Il n'est pas question d'être aveugle et sourd à l'actualité ni de se couper du monde. Je connais des personnes qui refusent de regarder ou lire les nouvelles parce qu'elles leur font trop mal. Détourner la tête n'a jamais aidé personne, y compris soi-même...

Mais, en même temps que nous pouvons nous insurger, nous battre pour des causes justes, ou simplement développer notre empathie et prier, nous avons la possibilité de nous ouvrir au bon et au beau. Il y en a, de belles choses, mais comme on dit, "on ne parle pas des trains qui arrivent à l'heure."

Même dans nos propres vies, aussi difficiles qu'elles soient, il y a toujours une jolie chose à voir, à entendre, à ressentir, même discrète, même infime.

Prenons le temps de nous pencher chaque jour sur une belle initiative, de penser à une belle personne, de goûter à un moment agréable, un parfum, une saveur, un son. Arrêtons quelques instants sur ce qui nous fait du bien et qui fait du bien au monde. Il existe des sites spécialisés, il suffit de taper sur Google "bonnes nouvelles". Et dans notre quotidien, nous pouvons nous attarder quelques instants sur au moins une chose chaque jour qui nous connectera à la beauté du monde et de notre cœur.

ai-je lu le Coran? la Bible? les Evangiles?

Ai-je lu le Coran? Seulement des bribes. Ai-je lu la Bible? Seulement des bribes...un peu plus longues certes, et une partie plus importantes des Evangiles, mais jamais en entier. Pourquoi? A l'origine sans doute un peu parce que je n'en avais pas le goût, puis parce que j'ai compris que je n'avais pas la compétence de comprendre en profondeur les textes, qui tous sont sujets à interprétation. Je peux me fier, ou pas, à l'interprétation des autres, et le problème vient justement du fait que chacune des interprétations est liée à une croyance, et donc sujette à caution. Les Evangiles eux-mêmes, qui m'ont été enseignés au catéchisme, sont entendus différemment selon les exégètes et les philosophies qui les animent. Pour ma part, je ne peux que m'en tenir à ce que je ressens lorsque je lis les textes. Comment me parlent-ils? Que me disent-ils? Font-ils écho dans mon être?

Qui s'est un peu documenté peut aisément voir combien tout est sujet à interprétation et que, par conséquent, il n'y a de vérité que celle de l'interprète, à laquelle nous choisissons d'adhérer, ou pas.

Dans ces heures troublées de guerre de religion, où la religion n'est en fait qu'un prétexte, où les uns massacrent aveuglément et les autres confondent une religion avec ces fous, même pas de Dieu, nous pouvons faire dire tout et n'importe quoi aux textes, aujourd'hui comme hier. Ainsi nous ne proférons que notre ignorance, qui chacun le sait, est le creuset de la peur, et en conséquence de la haine, car nous détestons ce qui nous fait peur. Il est aisé d'utiliser n'importe quel bribe de texte pour servir son propos, et c'est ce que je lis à droite et à gauche. Et nous voyons bien comment les uns ou les autres interprètent et utilisent différemment le Coran, certains pour tuer, d'autres pour inspirer leur chemin de sagesse.  

Les temps inquiétants que nous traversons exacerbent les peurs, certains politiques en font leur petit lait pour prendre et exercer le pouvoir. Soyons vigilants, conscients de ces peurs et de ce à quoi elles nous conduisent.

Sachons raison garder et tâchons d'ouvrir nos cœurs: la richesse de la parole, quelle qu'elle soit, est dans ce qu'elle fait vibrer dans mon être, comment elle m'accompagne dans l'ouverture de mon cœur. Si elle me rend sourd, aveugle, si je ne peux l'interroger, alors elle me ferme, à moi-même, à l'autre, au monde.

Tout cela étant dit, nous avons chacun nos verrous....soyons en aussi conscients.....

 

 

 

 

 

 

"Je suis le chemin, la vérité et la vie."

Lorsque Jésus dit "Je suis le chemin, la vérité et la vie", que veut-il dire? Je ne suis pas exégète, mais au travers de mes lectures, des enseignements que j'ai suivis, et de ma propre expérience, cette phrase a eu un écho de plus en plus profond en moi.

Qui est Jésus, et de quoi parle-t-il? Est-il homme, Dieu, les deux? Qui est ce "Je" qu'il évoque?

D'un point de vue religieux, cette phrase est une réponse. D'un point de vue spirituel, elle ouvre la porte au questionnement.

 La réponse religieuse est que tout passe par la personne de Jésus. Jésus, en tant qu'être incarné, est une personne, et personne vient du latin persona, le masque des acteurs de théâtre. Il existe donc là une incongruité, à moins d'accepter qu'en tant qu'homme Jésus ait aussi une persona. Bien sûr. Nous portons tous un masque qui dissimule le cœur de notre être. Et il nous revient de nous en débarrasser pour vivre et exprimer le divin en nous.

 Lorsque Jésus évoque ce Je, il ne peut s'agir de la persona, mais de Cela, en lui, par lui et avec lui,  indicible, ineffable, insondable, que nous sommes tous appelés à vivre et exprimer. Que l'on soit chrétien ou non, ce "Je" est le chemin, la vérité et la vie. Cela qui est en moi et qui est en même temps plus vaste que moi, en tant qu'ego.

Le questionnement spirituel consiste à s'interroger toujours plus profondément sur le "Qui suis-je"? Qui est le "Je" de "qui suis-je"?Quels sont ces voiles qui  cachent la vérité et la vie? Quand j'aime, qui aime? quand j'ai mal, qui a mal?

Nous pouvons ressentir parfois cet infiniment vaste, infiniment profond, auquel Jésus nous invite. De même que la graine contient l'arbre, nous sommes appelés à germer et grandir.

Dans une parabole, Jésus parle du paralytique qu'il a fallu descendre au cœur de la maison par la cheminée. Nous sommes tous des paralytiques qui devons descendre au cœur notre être pour y rencontrer ce "Je", y placer notre confiance, notre foi, et nous unir à lui, chrétiens ou pas.

Est-il nécessaire d'être chrétien pour croire que Jésus est à la fois homme et Dieu? Je ne crois pas. Dans la mesure où nous sommes tous appelés à accomplir ce qu'il a accompli, et il le dit lui-même, nous portons tous en nous cet accomplissement, qui n'est pas dans le spectaculaire des miracles mais dans l'union intime de l'être. Les miracles ne sont que la partie visible de la guérison de l'âme.

Quelle est, dès lors, cette guérison de l'âme?

les boucs-émissaires

Qu'est-ce qu'un bouc émissaire?

Son origine remonte aux Hébreux et aux Grecs, qui choisissaient un bouc pour lui faire porter chez les uns la responsabilité des maux du monde, chez les autres leurs péchés que les mains du rabbin déposaient sur la tête de l'animal. Les Grecs sacrifiaient ce bouc, les Hébreux l'envoyait à Hazazel, un désert aride. Et dans la tradition, Dieu demande à Moïse de faire porter par un bouc les péchés des hommes. Il s'agit donc d'un sacrifice de substitution, et c'est ainsi d'ailleurs que nous est présenté Jésus dans la tradition chrétienne, l'agneau sacrifié, mort sur la croix pour nos péchés.

L'expression est entrée dans notre langage courant pour nommer celui ou ceux à qui un individu, ou un groupe d'individus, veut faire porter la responsabilité de ses maux. Plutôt que de se poser la question de notre propre responsabilité, de ce qui ne fonctionne pas chez nous, en nous, nous préférons affubler l'autre de tous nos dysfonctionnements.

Hier, le Capitaine Dreyfus, aujourd'hui les migrants et/ou les immigrés, entre autres. C'est en projetant à l'extérieur notre propre responsabilité que nous contenons notre insupportable sentiment d'échec et de culpabilité. Un sentiment si profond et si douloureux que nous le nions ou le refoulons. Pour éviter la colère et la violence que nous pourrions avoir envers nous-mêmes, nous la jetons sur autrui.

A mon sens, ce n'est pas au niveau moral que se situe le problème, même si l'on peut considérer comme profondément immoral de faire porter nos fautes par l'autre. La question est toujours celle de notre responsabilité, et nous renvoie donc au Triangle de Karpman, ce fameux triangle infernal autour duquel nous passons notre vie à jouer entre victime, sauveur et persécuteur. Lorsque nous incriminons, fustigeons, stigmatisons quelqu'un d'autre, nous incarnons le rôle du bourreau. Et le bourreau est toujours une victime qui n'a pas pris conscience de sa responsabilité, ne l'a pas intégrée, et fait payer à l'autre ses propres souffrances. Il adviendra éventuellement que le même deviendra sauveteur s'il considère qu'un bourreau s'est trompé de victime...

Le choix d'un bouc émissaire relève toujours d'un besoin d'auto-préservation. Il nous met face à nos peurs, et celle, ultime, de l'anéantissement. Les bourreaux en question ne sont pas nécessairement de mauvaises personnes, elles sont seulement enfermées par leur aveuglement, bourreaux d'elles-mêmes.

Notre société, qui va si mal, n'a pas eu de grands efforts à faire pour trouver ses boucs-émissaires; Mais ce n'est pas au niveau de la société que nous dépasserons cette question. Bien plutôt au niveau individuel, en regardant en chacun de nous, la façon dont nous portons notre responsabilité, notre capacité à répondre de nous -mêmes et aux évènements. A chaque fois que nous endossons le rôle de victime, nous ouvrons la voie au bourreau en chacun de nous. C'est inéluctable.

 

 

revenir à des choses simples

Le monde dans lequel nous vivons crée et gère chaque jour davantage la complexité. Et nous, en tant qu'individus, nous trouvons pris dans un engrenage qui rend nos vies de plus en plus compliquées. Alors, peut-être est-il temps de revenir à des choses simples. Plutôt que de pester sur les complications quotidiennes, nous pouvons chacun donner une place plus importante à la simplicité.

Si professionnellement, vous êtes obligés d'en faire toujours plus toujours plus vite, pourquoi ne pas vous accorder des moments de lenteur? Pas forcément ne rien faire, mais vous donner juste un peu de temps, donner juste un peu de temps à ce que vous faîtes. C'est un choix, un apprentissage, ou plutôt un désapprentissage...ralentir...peut-être au début sur une action, puis deux...vous devez descendre la poubelle, passer l'aspirateur, éplucher des légumes, repasser? Ce sont des corvées? Alors justement...vous pouvez les transformer en un moment pour être uniquement à ce que vous faîtes. Vous constaterez que ces tâches que vous trouviez ingrates et chronophages deviennent des moments pour vous et pour répondre à certaines de vos valeurs: utiliser des produits frais en cuisine, trier vos déchets, vivre dans un lieu propre et agréable.

Vous avez un animal de compagnie? Passer quelques instants juste à le regarder, à l'admirer, à observer ses gestes. Ou écoutez le chant d'un oiseau, plongez dans le parfum d'une fleur, admirez les primevères qui pointent leur nez, et faîtes juste ça, quelques minutes, juste le temps de regarder, écouter, sentir la vie autour de vous.

Et puis...observez-vous, observez vos journées: existe-t-il des activités qui volent votre temps? Faîtes-vous certaines choses, trop longtemps, ou trop souvent? êtes-vous légèrement perfectionniste? vous perdez-vous dans les détails? Passez-vous des coups de téléphone inutiles? Combien de temps vous prennent vos pensées, vos ruminations mentales, et les émotions qu'elles entraînent?

Pour revenir à des choses simples, simplifiez-vous la vie....

en chemin...méditer 2. la bienveillance

Après des années à suivre les enseignements de Richard Moss, ô combien précieux, j'ai rencontré Jon Kabat-Zin, enfin...ses écrits. Cet homme a débarrassé la méditation de toutes notions spirituelles pour la rendre accessible au plus grand nombre. Elle demeure ce qu'elle est, en fait, seul le vocabulaire change pour permettre à chacun de l'aborder sans frein dû à ses croyances.

Il faudrait revenir sur ce que l'on entend par spirituel, et j'y reviendrai.

Aujourd'hui je suis l'apprentissage de la MBSR, accompagné par une femme formidable, Anne Tesson. MBSR? Mindfulness, pleine conscience. MBSR signifie réellement mindfulness based stress reduction, ou réduction du stress basé sur la pleine conscience. Je n'y découvre rien de réellement nouveau, ce qui est bien naturel car, comme je l'ai dit plus haut, la méditation, quel que soit le nom qu'on lui donne, demeure la méditation. Un moment pour soi, un moment d'union, d'ouverture.

L'une des vertus de la MBSR est la façon dont Jon Kabat-Zin insiste sur la bienveillance. Bienveillance envers soi. Mes pensées me trimbalent, ok, pas grave, je reviens doucement. Je m'endors, ok, pas grave, je reviens en douceur. Je ne ressens rien, ok, pas grave, je reviens. Jamais je ne me juge, jamais je ne me brutalise. Je suis simplement avec ce qui est et, en même temps que j'apprends à développer mon attention, ma présence, je développe ma bienveillance envers moi-même. Comment pourrais-je prétendre être bienveillant envers l'autre si je ne le suis envers moi?

J'avais appris, et j'étais bonne élève, que la charité consistait à être d'abord bienveillant avec l'autre. Et d'ailleurs, ma propre expérience m'a montré dans le passé, faille narcissique oblige, que je pouvais être beaucoup plus bienveillante envers les autres qu'envers moi. Mais c'était un leurre. D'abord, parce que cette bienveillance-là est finalement en partie feinte. Elle est ouverte à l'autre tant qu'il n'est pas trop différent, qu'il partage valeurs et croyances, et bien sûr nombre d'opinions. Cette bienveillance-là est un peu condescendante, elle a une légère tendance à oublier ses racines. Charité signifie amour, et nous la confondons communément avec l'aumône qui consiste à donner aux pauvres. Et il se trouve que pour bien des croyants convaincus, qui ne partage pas leur foi est pauvre.

J'ai compris il y a longtemps que la véritable bienveillance, l'amour de l'autre, commence par l'amour de soi, qui n'est pas une sur-évaluation de l'ego mais la conscience puis l'accueil de ce qui est en soi. Les failles de l'autre me renvoient toujours aux miennes, et si je n'ai aucune tendresse pour ces dernières je ne peux leur donner aucune chance d'évoluer.

Bref...peut-être parce que cet enseignement tombe au bon moment, peut-être parce que la personne qui l'enseigne respire, transpire cette bienveillance, elle s'instille doucement en moi petit à petit, jusqu'au cœur de mes cellules.

J'ai toujours aimé les gens, je ne pourrais pas faire mon métier s'il n'en était pas ainsi, ce sont d'ailleurs les moments où ma bienveillance s'appliquent le plus aisément, tant envers mes clients qu'envers moi-même. Sans doute parce que pour accompagner l'autre, il faut à tous nos sens, et à notre cœur, d'être ouvert. Dans la vie quotidienne, parce qu'après tout nous sommes humains et vite rattrapés par nos travers, c'est une autre histoire.

La méditation que je pratique aujourd'hui m'apporte ce surplus d'amour essentiel, non seulement pour moi mais pour l'humanité tout entière, qui en a tant besoin....

en chemin...méditer...

J'ai commencé à pratiquer la méditation il y a quasiment 40 ans! Mais je n'ai pas pratiqué pendant 40 ans...

Je l'ai rencontrée la première fois dans une période sombre de ma vie où je voyais poindre un faisceau lumineux au bout du tunnel dans lequel j'avançais à tâtons. Un jeune américain me met entre les mains le livre d'un sage indien et il m'apparaît évident à l'époque que cette voie là est précieuse. A 20 ans, faire le vide en soi, poser mon attention sur le bout de mon nez, réciter un mantra, se sont avérés plus difficiles que l'apprentissage d'une langue étrangère avec un alphabet différent du nôtre. J'ai persévéré quelques temps, lu beaucoup, admiré ces guides exceptionnels qui montraient le chemin, de Sri Aurobindo, Mère, Satprem, au Père Le Saux ou Arnaud Desjardins, pour ne citer que les plus marquants dans ma jeune tête de l'époque.

Tout ce que je lisais me passionnait mais la pratique semblait hors de ma portée. J'avais bien appris à prier, mais à méditer, non. Ce vide dont il était question me semblait hors d'atteinte, sans parler de la lamination nécessaire de l'ego évoquée dans nombre de mes lectures.

A 20 ans, on n'est pas très patient...et le bonheur est venu à ma rencontre un jour de printemps. Il m'a rapporté l'insouciance. La quête dans laquelle je m'étais engagée ne m'a jamais quittée, et je continuais de lire, beaucoup, et pratiquer, peu, très peu, puis plus du tout. Mais comme la vie est faite de chapitres, qui tous ont un début et une fin, avec des hauts et des bas, des très hauts et des très bas, vient toujours un moment de remise en question. Alors reviennent les interrogations fondamentales.

Et parce que, comme la plupart des humains, j'avais besoin d'un aiguillon pour revenir à l'essentiel. , c'est à ce moment que j'ai re-découvert la méditation. Le Bouddhisme tibétain, Gendun Rinpoché, Sogyal Rinpoché, Dalaï Lama, des moines orthodoxes, Lytta Basset, Jean-Yves Leloup, des rencontres, des lectures encore, et encore, et ce vide à l'intérieur que je ne trouve pas, ce silence qui ne se fait pas...alors, je continue de lire, de chercher, de creuser, et arrête à nouveau de méditer. Je réfléchis beaucoup, pratique l'émerveillement, prie, fore l'obscurité intérieure pour y rencontrer la lumière, mais ne médite plus.

Je découvre Eckart Tolle, et ressens alors l'urgence de ce qu'il propose: l'instant présent et l'importance de cultiver cette nouvelles terre en friche que nous sommes tous.

Il me faudra encore quelques années pour rencontrer celui qui m'a permis enfin de saisir enfin...mais oui, mais bien sûr...le mental, on ne l'arrête pas, le vide, on ne le cherche pas, d'ailleurs on ne cherche rien du tout, on est juste là, avec soi. Le mantra, c'est juste pour aider le mental à ne pas partir dans tous les sens. On ne détruit pas l'ego, on ne le lamine pas, on le remercie de nous avoir aidé à nous construire, d'être cette structure indispensable, mais on apprend à ne pas lui laisser les rênes de nos vies. Poser son attention sur la respiration, c'est revenir au corps, qui est le cœur de toute pratique. Sentir. Ressentir.  L'instant présent est là, car le corps n'a ni regret ni espoir ni jugements, il est juste là. Il n'est pas un dieu, il est le temple de Dieu.

à suivre dans les jours qui viennent...c'est une longue histoire...

 

faire de l'espace

Faire de l'espace pour nos émotions, les laisser être, les regarder, les ressentir, voir comment elles peuvent prendre le pouvoir sur nous si nous n'avons pas conscience de ce qui se passe en nous.

Qu'est-ce que je ressens, là, maintenant? D'où ça vient? Quelle est la cause? Qu'est-ce qui est touché en moi? Dès que nous nous posons ces questions, nous créons un tout petit peu de distance, nous ne faisons plus bloc avec l'émotion. Il ne s'agit pas de ne plus avoir d'émotions bien sûr. C'est merveilleux de ressentir de la joie, de la gratitude, de l'empathie. Et les émotions négatives, si elles sont désagréables, sont de puissants indicateurs de là où nous en sommes à un instant t, ou sur un laps de temps lorsque, par exemple, la même émotion vient de façon répétitive..

La difficulté réside dans le fait d'être totalement saisi par l'émotion, tellement pris par elle qu'elle dirige notre être, notre regard, notre action, nos paroles. Si nous pouvons nous entraîner à regarder l'émotion quand elle est là, c'est l'observateur en nous qui tient les rênes, et il se trouve qu'un observateur observe, ce qui signifie qu'il voit mais ne juge pas. Il voit, entend, peut comprendre, mais ne juge pas.

A chaque fois que nous ressentons une émotion négative forte, nous avons tendance à nous juger et à juger l'autre, les autres. Devenir observateur de l'émotion n'efface pas ce qui se passe mais permet d'être là, présent, et de regarder la situation pour ce qu'elle plutôt que pour ce que nous nous racontons qu'elle est. Nuance....

C'est cela faire de l'espace en soi: ne plus être juste une pelote, mais être capable de saisir le fil de la pelote et de le tirer...en douceur.