L'exercice de mon métier me conduit à créer et animer des formations dans l'entreprise: leadership, gestion du temps, des émotions, du stress, des relations, affirmation de soi, etc. Cette facette est passionnante, et aussi un peu frustrante. L'entreprise, aujourd'hui, regarde la crise comme une nécessité grandissante de performance et d'efficacité, et regarde les résultats sans voir les hommes. La pression sur eux est de plus en plus lourde, l'absentéisme se développe, le malaise aussi, qui va parfois jusqu'au burn-out.
Prenons quelques exemples: impossible de nos jours de parler de développement personnel, considéré comme déviant, dangereux, voire sectaire. Alors, on l'appelle efficacité personnelle. On y met les mêmes ingrédients, mais on n'appelle pas un chat un chat, sait-on jamais...La gestion du stress...rarement envisagée: on gère le temps, les conflits, les émotions...ils sont tous interconnectés avec le stress, mais nommer une formation "gestion du stress" reviendrait à reconnaître qu'il y en a dans l'entreprise et reconnaître sa responsabilité.
Il se trouve que les collaborateurs eux-mêmes sont dans ce déni. Certains, les plus jeunes en général, disent aimer cette pression, l'adrénaline procurée les motive et les booste, mais il ne voit pas, ou refusent de voir plus loin que le bout de leur nez. A trente ans, on se fiche de l'état dans lequel on sera à 50! Le respect de soi se limite à ne pas se faire marcher sur les pieds et obtenir les meilleurs résultats, quel que soit le prix à payer. Curieusement, si l'on constate un vieillisement général de la population, on assiste aussi à de plus en plus d'accidents de santé majeure à un âge dit moyen: angines de poitrine, infarctus, avc, cancers, dépressions...la génération des baby-boomers, qui aborde la retraite aujourd'hui, vit et vivra globalement plus longtemps. Mais les jeunes, pressurisés, pressés comme des citrons, nourris à la compétitivité, à l'austérité, à l'angoisse de perdre et de retrouver un job....???
Je rencontre des gens formidables et avides d'apprendre, de progresser, de mieux se connaître, mais le système est ainsi fait que tout doit aller vite. Ainsi les formations durent deux jours, et peu importe ce qu'il en reste des mois après. "Take it and leave it" disent les anglais. C'est mieux que rien, certes. Et je suis toujours heureuse de pouvoir apporter quelques clés simples de mieux-être.
On parle de "risques sociaux". Mais on ne fait qu'en parler. On ajoute une petite pointe de "je vous ai entendu" et c'est supposé suffire, car en même temps on continue dans le toujours plus.
Les dérives de la finance, incarnées ces temps-ci par Jérôme Kerviel, ne touchent pas que les traders...
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