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la bienveillance

La définition la plus générale de bienveillance est la capacité à être indulgent, gentil et attentionné envers autrui. Nulle part il n'est évoqué la nécessité d'être bienveillant envers soi-même.

Être indulgent, gentil et attentionné avec soi ne signifie pas être permissif. La bienveillance n'est efficace qu'accompagnée de l'exigence. Nous avons besoin de donner le meilleur de nous-mêmes, faire de notre mieux, en même temps que d'être indulgent envers le résultat. L'Amour est exigeant, l'Amour est bienveillant.

Être bienveillant avec soi, c'est être bienveillant avec la Vie, c'est accueillir le fait que nous vivons au moment précis où nous sommes exactement ce que nous avons à vivre. Nous aurions pu faire mieux? Peut-être. Mais nous avons fait ce que nous avons pu. C'est sortir de l'auto-flagellation pour entrer juste dans l'observation. Ce qui est, est. Point. Il y a des choses à transformer? Bien. Je vais faire de mon mieux pour les transformer. Pas celles du dehors, celles du dedans. Car je n'ai pas la manette pour transformer les gens, seulement moi-même. Alors, je vais faire de mon mieux, avancer, creuser, respirer, vivre. C'est mon expérience, maintenant. Elle me dit peut-être quelque chose, m'enseigne, mais ne me juge pas. Elle m'indique peut-être un chemin, mais ne me détourne pas. C'est mon expérience, et c'est la meilleure puisque c'est celle que je vis maintenant. Ce n'est ni bien ni mal. C'est. Point.

Comment pouvons-nous espérer être bienveillant avec les autres si nous ne le sommes avec nous-mêmes? Accueillons-nous tels que nous sommes, vulnérables. Ainsi nous pourrons un peu mieux accueillir l'autre, tel qu'il est, vulnérable.

 

chers parents - suite - une histoire de croyance

Il existe une autre hypothèse concernant nos parents et la compréhension que nous pouvons avoir de nos relations avec eux, de l'éducation que nous avons reçue.

Imaginons  que notre âme soit  indépendante de notre corps. Elle existerait de tous temps et s'incarnerait dans un corps. Elle serait donc pré-existante à notre vie et survivrait à notre mort physique.

Ce n'est qu'une croyance bien sûr, personne ne peut avoir de certitude à ce sujet. Dans certaines religions, l'âme prend vie au cours de la gestation et continue sa vie, après notre mort, au Paradis, au purgatoire ou en enfer. Dans d'autres, elle se ré-incarne de vie en vie. Nous pouvons croire, mais nul ne peut savoir. Personnellement, je ne sais pas, mais j'aime à croire que mon âme m'a précédée et me survivra.

Dans ce cadre, pourquoi une âme s'incarnerait-elle ici, ou là? Serait-il possible que chaque incarnation soit un choix d'âme? Se pourrait-il que ce choix ne soit pas un hazard?

J'aime imaginer que mon âme, en chemin depuis bien avant ma naissance, choisit le nid dans lequel s'incarner. Mon âme choisirait ses parents, et celles de mes parents appelleraient la mienne. Une choix concerté en quelque sorte. Un choix qui reviendrait à dire que nos âmes choisissent des rôles pour leur vie terrestre. Et des chemins, chaotiques, douloureux, compliqués, semés d'embûches à contourner ou à dépasser. Se pourrait-il que cela donne un sens à notre vie?

Il se pourrait alors que nos parents soient en quelque sorte les starting blocks de notre évolution dans notre vie présente. Comme les leurs avant eux, et nous ensuite. Ce qui n'a pas été dépassé se transmet d'une vie à l'autre, de génération en génération.

Lorsque nous envisageons cette possibilité, aussi difficile qu'ait pu être notre enfance, aussi heureuse aussi d'ailleurs, nous pouvons l'envisager d'un regard neuf. Nos parents ne sont pas que nos parents. Ils sont des âmes qui ont assumé un rôle terrestre, pour leur propre évolution et la nôtre. Nous avons été et sommes des âmes qui ont assumé un rôle, pour l'évolution de nos parents et la nôtre. Soient-ils remerciés. Soyons-nous remerciés. Soit louée la vie qui n'a ni début ni fin, ni victime ni bourreau au plan de l'âme.

Je ne nie pas ici les maltraitances, les abus, les petites et grandes erreurs, les étouffements et les abandons, qui ne sont, peut-être, que l'apparence des choses. Aussi difficile, voire insupportable, soit-elle. Mais, si au plan terrestre, les coupables doivent être punis et éventuellement écartés, au plan de l'âme, il n'y a plus de coupables. Sachons juste regarder la vie à différents niveaux, pas seulement au plan terrestre. Cela nous permet de juger les actes quand c'est nécessaire, et de comprendre mieux les personnes. Et cela éclaire d'un jour nouveau nos blessures d'enfance.

Bien sûr, ce n'est qu'une hypothèse...

chers parents

L'une des transformations les plus importantes dans le passage de l'état adolescent à celui d'adulte est celle qui consiste à changer le regard que nous portons sur nos parents. Avec l'apprentissage de la vie, la parentalité souvent, mais pas nécessairement, la prise de conscience de la façon dont nous projetons nos propres blessures sur notre entourage nous conduit progressivement à comprendre que nos parents ont fait de leur mieux, même si ce mieux n'est pas celui dont nous pensions avoir besoin de prime abord. Plus nous accueillons notre propre vulnérabilité, plus nous regardons avec tendresse celle de nos parents. De coupables, ils deviennent des êtres humains comme les autres, comme nous, lumière et ombre à la fois.

Parce qu'il n'existe pas d'humain qui ne porte pas de blessures, il ne peut y avoir de parents parfaits. Immanquablement, nous projetons ces meurtrissures, ces déchirures de l'enfance sur nos enfants. Plus ou moins bien sûr. Nous faisons du mieux que nous pouvons. On a beaucoup dit que la psychanalyse faisait porter la culpabilité de nos traumatismes, minis ou maxis, sur les parents. La question n'est pas là, il ne s'agit pas de culpabilité, mais de la compréhension de ces souffrances projetées de génération en génération.

Oui, les erreurs parentales ont pu blesser, un acte malheureux, une parole en apparence anodine, une violence physique ou verbale, une manipulation, une surdité ou un aveuglement involontaire, un oubli, un mensonge, un abandon. Mais vient un moment où nous avons la possibilité de changer notre angle de vision sur ce qui s'est passé.

Nous avons le choix: de nous sentir victimes, ou de prendre notre responsabilité. J'entends par là de devenir acteur de nos vies et pas seulement le résultat de ce que nous avons reçu. Il existe des personnes naturellement résilientes, et d'ailleurs nous le sommes tous plus ou moins, nous n'aurions peut-être pas sinon survécu à nos blessures. Il ne s'agit pas de nier ces souffrances, mais de voir qu'aujourd'hui elles n'ont pas à nous définir ni à leur être fidèles au point qu'elles prennent tout le pouvoir sur nos vies. Nous pouvons regarder ce qu'elles nous permettent de dépasser, ce qu'elles nous conduisent à travailler.

Nous pouvons accueillir l'enfant que nous étions, le rassurer, l'aimer, l'emmener avec nous sans que ce soit lui qui nous tire par la main. Ainsi, nous nous autorisons à la liberté, et nous brisons quelques maillons des chaînes de souffrance qui se transmettent de parents en enfants. Alors, non seulement nous nous libérons, mais nous libérons nos propres enfants.

Lorsque nous sortons du rôle de victime, nous pouvons commencer de regarder nos parents avec bienveillance. En regardant notre propre chemin, nous pouvons envisager le leur. Nous sortons de l'état d'enfant, qui subit, de celui d'adolescent, qui entre en rébellion, à celui d'adulte, qui assume, c'est-à-dire, qui accepte, prend, reçoit. Alors la tendresse prend le pas sur la rage...

Et puis, il y a une autre hypothèse... à suivre...

 

quelques instants pour soi

S'offrir chaque jour quelques instants pour soi, juste pour soi. Pour s'accueillir, se remercier, se féliciter peut-être, prendre soin de son corps et de son âme. En sachant que ces moments que l'on s'accorde ne sont en fait jamais totalement, uniquement pour soi car à chaque fois que nous revenons à l'essentiel, ne serait-ce que quelques minutes, le plein d'énergie, d'harmonie, de bienveillance que nous engrangeons rayonne ensuite dans le monde.

Nous n'avons jamais le temps... Allez, osons dire que nous ne prenons jamais le temps. Nous avons tous une vingtaine de minutes dans la journée que nous occupons peut-être sur internet, notre mail, notre téléphone. Ces moments de communication virtuelle peuvent facilement être remplacés par un temps de communication avec soi. Ecouter ce qui se passe en nous. Ressentir. Être ici, maintenant. Être attentif à soi. Et au monde bien sûr: autour de nous, la vie continue, dehors les oiseaux chantent, un avions passe, le chat miaule, et nous pouvons ne pas être dérangés par ces sons, les inclure dans notre parenthèse.

Soyons avec nous-mêmes, en compagnie de nous-mêmes, c'est une bonne compagnie...devenons, si ce n'est déjà le cas, intimes avec nous-mêmes. Il n'y a rien à craindre, rien à fuir, juste à être dans l'expérience du moment, et avec qui nous sommes maintenant, avec nos joies et nos peines, nos qualités et nos travers. Ces derniers ne nous rendent pas coupables de quoi que ce soit, ils sont sans doute le résultat d'anciennes blessures, et plus nous les accueillons, plus nous leur faisons de l'espace, plus ils ont de chance de se transformer.

C'est parfois difficile de trouver du temps pour soi parce que nous avons l'impression de l'enlever à quelqu'un d'autre ou à quelque chose. Mais c'est tout le contraire. Chaque moment passé en intimité avec soi-même est une occasion d'améliorer la relation à soi, et donc, forcément, aux autres.

 

 

 

 

 

 

 

la peur est naturelle, mais ne lui cédons pas

Les attaques à Bruxelles nous font tous frémir, comme celles de Paris avant elles. On peut lire un peu partout qu'il ne faut pas céder à la peur. Certes. La peur est naturelle. L'important est de ne pas se laisser envahir par elle. Quand elle survient, il est important de la regarder, et de sentir ses effets dans notre corps. Les évènements nous font mal, peur, mais à partir d'eux notre mental en rejoute et construit des histoires qui nous terrifient.

La peur est naturelle, et même parfois nécessaire lorsqu'il s'agit de fuir un danger réel. Laissons-là exister et nous rendre vigilants. Ce sont les amplifications du mental qui sont délétères. Elles nous paralysent.

Servons-nous du mental plutôt pour comprendre la situation. Comprendre que la religion n'est qu'un prétexte, que ces barbares vivent à un autre millénaire, eux qui nous nomment les Croisés! Comprendre que toute religion est susceptible de générer des débordements et qu'en même temps ces excès n'ont rien à voir avec elle. Les barbares qui cherchent à semer la terreur sont des dérangés de l'esprit, tout comme Hitler ou Staline l'étaient. Et de même qu'il ne fallait pas confondre tous les Allemands ou tous les Russes avec le dictateur qui avait pris le pouvoir sur eux, il est urgent de ne pas confondre ces fous avec l'ensemble des Musulmans et/ou des Arabes.

Hitler et Staline ont entraîné des hordes à leur suite. Les chefs de Daesh aussi. Les gens les plus intelligents peuvent se laisser piéger par le charisme d'un fou. Car oui, ils ont du charisme. Et ceux qui les suivent ne sont pas idiots mais souffrent d'une grande vulnérabilité.

Alors, en même temps qu'il nous faut, individuellement et collectivement, être vigilants et mettre fin à ces monstruosités, en même temps qu'il nous faut demander à nos gouvernants d'être fermes, il nous est nécessaire de regarder en nous pour y rencontrer nos propres vulnérabilités et aussi nos propres capacités de manipulation. Si, si...Car ce que nous voyons et subissons au-dehors est toujours un miroir amplifié de ce qui se trouve potentiellement en chacun de nous. Lorsque j'évoque la manipulation, je ne veux évidemment pas dire que nous sommes tous des pervers narcissiques; mais il nous arrive à tous, un jour ou l'autre, d'utiliser de petites manipulations pour obtenir ce que nous voulons, des manipulations vénielles peut-être, mais elles n'en demeurent pas moins des manipulations. Quant à nos vulnérabilités, ne nous laissons-nous jamais influencer sans trop réfléchir? Ne nous laissons-nous jamais manipuler?

L'épouvante est au dehors, mais sa source est en chacun de nous, acceptons-le, accueillons-le. Car c'est en faisant de l'espace pour l'ombre que nous pouvons en faire pour la lumière.

se faire du bien

Et si, au lieu de nous laisser submerger par les mauvaises nouvelles qui nous arrivent de partout, nous décidions de remarquer ce qui marche, ce qui nous fait du bien, ce qui évolue dans le bon sens?

Il n'est pas question d'être aveugle et sourd à l'actualité ni de se couper du monde. Je connais des personnes qui refusent de regarder ou lire les nouvelles parce qu'elles leur font trop mal. Détourner la tête n'a jamais aidé personne, y compris soi-même...

Mais, en même temps que nous pouvons nous insurger, nous battre pour des causes justes, ou simplement développer notre empathie et prier, nous avons la possibilité de nous ouvrir au bon et au beau. Il y en a, de belles choses, mais comme on dit, "on ne parle pas des trains qui arrivent à l'heure."

Même dans nos propres vies, aussi difficiles qu'elles soient, il y a toujours une jolie chose à voir, à entendre, à ressentir, même discrète, même infime.

Prenons le temps de nous pencher chaque jour sur une belle initiative, de penser à une belle personne, de goûter à un moment agréable, un parfum, une saveur, un son. Arrêtons quelques instants sur ce qui nous fait du bien et qui fait du bien au monde. Il existe des sites spécialisés, il suffit de taper sur Google "bonnes nouvelles". Et dans notre quotidien, nous pouvons nous attarder quelques instants sur au moins une chose chaque jour qui nous connectera à la beauté du monde et de notre cœur.

revenir à des choses simples

Le monde dans lequel nous vivons crée et gère chaque jour davantage la complexité. Et nous, en tant qu'individus, nous trouvons pris dans un engrenage qui rend nos vies de plus en plus compliquées. Alors, peut-être est-il temps de revenir à des choses simples. Plutôt que de pester sur les complications quotidiennes, nous pouvons chacun donner une place plus importante à la simplicité.

Si professionnellement, vous êtes obligés d'en faire toujours plus toujours plus vite, pourquoi ne pas vous accorder des moments de lenteur? Pas forcément ne rien faire, mais vous donner juste un peu de temps, donner juste un peu de temps à ce que vous faîtes. C'est un choix, un apprentissage, ou plutôt un désapprentissage...ralentir...peut-être au début sur une action, puis deux...vous devez descendre la poubelle, passer l'aspirateur, éplucher des légumes, repasser? Ce sont des corvées? Alors justement...vous pouvez les transformer en un moment pour être uniquement à ce que vous faîtes. Vous constaterez que ces tâches que vous trouviez ingrates et chronophages deviennent des moments pour vous et pour répondre à certaines de vos valeurs: utiliser des produits frais en cuisine, trier vos déchets, vivre dans un lieu propre et agréable.

Vous avez un animal de compagnie? Passer quelques instants juste à le regarder, à l'admirer, à observer ses gestes. Ou écoutez le chant d'un oiseau, plongez dans le parfum d'une fleur, admirez les primevères qui pointent leur nez, et faîtes juste ça, quelques minutes, juste le temps de regarder, écouter, sentir la vie autour de vous.

Et puis...observez-vous, observez vos journées: existe-t-il des activités qui volent votre temps? Faîtes-vous certaines choses, trop longtemps, ou trop souvent? êtes-vous légèrement perfectionniste? vous perdez-vous dans les détails? Passez-vous des coups de téléphone inutiles? Combien de temps vous prennent vos pensées, vos ruminations mentales, et les émotions qu'elles entraînent?

Pour revenir à des choses simples, simplifiez-vous la vie....

faire de l'espace

Faire de l'espace pour nos émotions, les laisser être, les regarder, les ressentir, voir comment elles peuvent prendre le pouvoir sur nous si nous n'avons pas conscience de ce qui se passe en nous.

Qu'est-ce que je ressens, là, maintenant? D'où ça vient? Quelle est la cause? Qu'est-ce qui est touché en moi? Dès que nous nous posons ces questions, nous créons un tout petit peu de distance, nous ne faisons plus bloc avec l'émotion. Il ne s'agit pas de ne plus avoir d'émotions bien sûr. C'est merveilleux de ressentir de la joie, de la gratitude, de l'empathie. Et les émotions négatives, si elles sont désagréables, sont de puissants indicateurs de là où nous en sommes à un instant t, ou sur un laps de temps lorsque, par exemple, la même émotion vient de façon répétitive..

La difficulté réside dans le fait d'être totalement saisi par l'émotion, tellement pris par elle qu'elle dirige notre être, notre regard, notre action, nos paroles. Si nous pouvons nous entraîner à regarder l'émotion quand elle est là, c'est l'observateur en nous qui tient les rênes, et il se trouve qu'un observateur observe, ce qui signifie qu'il voit mais ne juge pas. Il voit, entend, peut comprendre, mais ne juge pas.

A chaque fois que nous ressentons une émotion négative forte, nous avons tendance à nous juger et à juger l'autre, les autres. Devenir observateur de l'émotion n'efface pas ce qui se passe mais permet d'être là, présent, et de regarder la situation pour ce qu'elle plutôt que pour ce que nous nous racontons qu'elle est. Nuance....

C'est cela faire de l'espace en soi: ne plus être juste une pelote, mais être capable de saisir le fil de la pelote et de le tirer...en douceur.

la peur dans un contexte de peur...

Comme la plupart d'entre nous, pour ne pas dire tout le monde, je suis touchée, peinée, bouleversée par les paroxysmes de violence qui atteignent les innocents ici et ailleurs. Et bien sûr, il m'arrive d'avoir peur. Juste après le 13 novembre, j'avoue avoir été mal à l'aise dans les lieux publics. "Même pas peur" disaient les banderoles. Elles avaient raison, il était urgent, et ça l'est toujours, de ne pas céder à la peur et de ne pas céder ainsi au pouvoir que la barbarie voudrait prendre.

Nous pouvons aussi faire de l'espace en nous pour cette peur, la regarder, la sentir. Non pour en faire un totem devant lequel nous agenouiller, mais pour accueillir ce qui vient en nous, le comprendre, et voir que nous sommes plus grands que cette terreur. Plus grands, plus vastes, plus puissants. Mais, de grâce, ne la nions pas, ne la refoulons pas, car ce serait alors la laisser grignoter nos cellules jusqu'à ce que mort s'en suive...j'entends la mort psychique, la paralysie du corps, l'hémiplégie du cœur. Car c'est cette peur qui montre l'autre du doigt, le dénonce, l'exclut, lui fait porter tous les maux du monde.

N'oublions pas que la peur, comme toutes les émotions, est à l'origine une nécessité de survie pour les premiers hommes. Il vaut mieux l'écouter lorsqu'on est physiquement face à un danger. Le problème commence quand elle est le résultat de ce que nous nous racontons, ou de ce que d'autres nous racontent, que ce soit oralement, visuellement, ou par écrit. Prenons l'exemple des évènements internationaux, du terrorisme: bien sûr, il y a des faits, l'horreur qui se déroule presque sous nos yeux, loin ou près. Ces évènements nous font craindre le pire, pour l'heure qui suit, demain, ou le jour d'après. Mais que savons-nous de demain, de l'année prochaine; Nous avons des présomptions, nous clamons des suppositions ou même des certitudes, nous faisons des prédictions. Et que sont toutes ces projections dans l'avenir? Des choses que nous nous racontons.

Parce que nous ne savons pas, nous ne pouvons pas savoir. Demain demeure, quoi qu'il arrive, une interrogation. Tous les analystes politiques, économiques, tous les commentateurs des magazines ou de comptoir, "jump to conclusions" comme disent les Anglais, ce qui signifie qu'ils tirent des conclusions sans savoir. Il existe des indices aujourd'hui, peut-être, de ce que sera demain, mais quelle certitude pouvons-nous avoir? Aucune.

Alors, il ne reste qu'une seule chose: Maintenant. Maintenant n'est pas une histoire, maintenant je sais où je suis, ce qu'il y a autour de moi, maintenant est la seule réalité. Et le seul moyen de ne pas sombrer dans la peur. Et je dis bien sombrer car, comme je l'ai écrit plus haut, si je laisse faire mes pensées, elles me noient dans mes émotions, en l'occurrence la peur.

En même temps, et c'est le divin paradoxe, nous avons le droit d'avoir peur, il n'y a pas de honte ni de tort. La seule chose qui peut nous permettre de prendre de la distance avec elle, et de la regarder pour ce qu'elle, de la regarder tout court, de l'accueillir comme on accueille un enfant dans ses bras, avec bienveillance et tendresse, parce que c'est la seule chose qui la console et la détend...

 

voir, entendre, sentir...

Il est nécessaire parfois de laisser passer du temps. Laisser le mental reposer. Traverser ce qui est à traverser. Retrouver la présence à ce qui est.

Revenir à des choses simples.

Je l'ai maintes fois évoqué. Être présent ne consiste pas à se dire "Je suis présent" car un mot qui se forme dans l'esprit est déjà un acte du mental. Être présent, c'est juste avoir le corps et l'esprit au même endroit. Voir, sentir, entendre, goûter, avec le moins de commentaires possibles.

Accueillir ce qui vient sans juger. Vous êtes fatigués? Vous vous ennuyez? Vous avez chaud, froid, mal? Vous portez un jugement sur votre voisin, un passant, un collègue? Juste regarder ce qui est. C'est ça être présent.

Cela ne signifie pas que nous n'avons pas à faire évoluer certaines parties de nous. Mais, comme le disait, C.G. Jung, on ne pas changer ce qui ne vient pas à la conscience. L'acte de prise de conscience, et de conscience tout court, de présence, est donc le premier pas.

Sentir. Voir et entendre nos pensées. Ceci signifie être observateur du penseur en soi.... "Ah tiens, je pense ceci, ou cela". Et se sourire.

à suivre...