Fi des études du genre et des cris d'orfraie qui les accompagnent. Nous, femmes, naissons de sexe féminin, devenons en grandissant des jeunes filles puis des femmes. Des amoureuses, des amantes, des mères, des femmes au travail, des artistes. Oui. Oui, mais....
Devenir Femme est une autre histoire. L'approche du ying et du yang est peut-être plus aisée pour comprendre. Le côté féminin de toutes choses est le ying, son côté masculin le yang. Nous avons tous, hommes et femmes, selon notre sexe, un côté dominant bien sûr; nous avons aussi une part opposée, animus et yang pour les femmes, anima et yin pour les hommes.
Être Femme, avec un F majuscule, et c'est pareil pour les hommes, c'est créer en soi les épousailles du masculin et du féminin. Être féminine ne signifie pas seulement se comporter comme une femme, souvent encore compris dans notre société comme "sois belle et tais-toi", séductrice, sous l'aile protectrice de l'homme, à la recherche toute sa vie de sa mère et/ou de son père, qui prendra les traits de ses compagnons, qu'elle blâmera ou aimera selon qu'il l'emplit ou pas de ses attentes sans fin. Nous oscillons entre l'image des couvertures de magasines de splendides femmes au corps parfait, figées sur papier glacé, et celle, biblique, de la mère accomplie ou de la vierge sainte.
Et puis...il y a ces femmes que nous rencontrons parfois, belles, séduisantes, affirmées, actives, qui mènent leurs vies avec douceur et autorité. Qui ont su conjuguer l'ouverture de leur coeur et un pouvoir décisionnaire assuré, qui sont responsables et non victimes, qui expriment leur vulnérabilité en même temps que ce dégage d'elles une grande dignité, qui créent, donnent la vie dans tous les sens du terme. Elles sont mères, amantes, ont une carrière professionnelle, ou pas, elles cuisinent et/ou jardinent, sont artistes, elles sont tout ce que nous imaginons d'une femme, sans en être la caricature.
Qu'est-ce qui fait la différence? Pourquoi les admirons-nous?
Parce qu'elles personnifient ce que nous avons toutes en nous, parce que ce qui les rend magnifiques est tapie au coeur de nos êtres et souvent se tait, ignoré ou méconnu.
C'est un chemin. Je le connais bien....Ma propre histoire m'a montré combien j'avais aimé être prise en charge, combien la séduction avait été un moteur pour l'obtenir, combien ce qui ne collait pas dans ma vie était souvent la faute des hommes, combien je conférais aux hommes une autorité que je croyais ne pas avoir. On m'a signifié longtemps mon côté autoritaire...expression maladroite d'une masculin immature et peu sûr. Oh, je n'ai pas fini!!! La route est sinueuse, étroite, et passe parfois par de profondes ornières où je trébuche. Je ne cours peut-être pas encore avec les loups -sic *- mais je m'entraîne.
Si nous voulons sortir des clivages actuels entre hommes et femmes, il nous revient de sortir du clivage en nous. Les questions de parité sont importantes bien sûr, les droits des femmes, les salaires des femmes, la fin des maltraitances envers les petites-filles, les violences faites aux femmes, tout cela est important. Mais elles sont des cautères sur des jambes de bois si elle ne servent pas une cause plus profonde qui est le féminin sacré. Et c'est à nous, femmes, de le faire émerger.
Le masculin sacré n'est pas le pouvoir mais la puissance. Le féminin sacré n'est pas la maternité au sens où nous l'entendons, même si elle en fait partie, mais la fertilité, cette capacité généreuse, créatrice, de donner et nourrir la vie.
Pour réaliser cette union du masculin et du féminin, il est nécessaire de guetter en soi tout ce qui est encore petite fille, et tout ce qui est petit garçon. Les enfants en nous qui ne veulent pas grandir nous empêchent de devenir des humains accomplis.
à suivre...
* "Femmes qui courent avec les loups"- Clarissa Pinkola Estès
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