Un couple australien fait appel à la GPA et passe pour ce faire par une jeune femme thailandaise, rémunérée pour son service. Il s'avère qu'elle se retrouve enceinte de jumeaux, une petite fille en parfaite santé et un petit garçon atteint de trisomie 21. Le médecin a, parait-il, conseillé à la jeune femme d'avorter mais sa ferveur bouddhiste l'en a empêché. Les parents australiens sont finalement venus chercher la petite fille et ont laissé le petit garçon.
Ils ont abandonné cet enfant comme un objet mal conçu et mal fini.
Objet. Pour moi, toute la question est là.
Je comprends le désir d'enfant. J'en ai 4, dont 3 adoptifs. Après avoir travaillé sur le terrain au Viet Nam, je suis bénévole en France dans une association d'aide à l'adoption. Je me crois donc qualifiée pour parler de ce sujet. Je connais le parcours douloureux de la stérilité, et celui de l'adoption. L'attente, l'espoir, la déception, l'impatience, la joie, la peur, les fourches caudines du chemin de parents et d'enfants vers leur rencontre.
Je connais plus mal la GPA.
Aujourd'hui, le désir d'enfant est devenu le droit à l'enfant. Mais quel est la place de ce dernier?
Dans le cas qui nous préoccupe, l'enfant est considéré comme un objet, que l'on est en droit de commander, de décommander, de refuser pour malfaçon.
Nous sommes là au comble de ce qui caractérise encore en partie notre vision de l'enfant. Dès sa naissance, il est pesé, mesuré, inspecté, on note à qui il ressemble, il passe de bras en bras, on l'admire, mais qui se soucie d'accueillir son être profond, son âme? Dolto, en évoquant que le petit enfant est une personne, avait permis de faire un grand pas. Mais il est resté marginal.
De cette manière d'appréhender le nouveau-né émerge la façon dont chacun de nous se perçoit et perçoit l'autre comme un objet. Sans aller jusqu'aux dérives psychotiques, chaque brutalité, chaque fois que nous répondons pour lui (lorsqu'il est en âge de parler), que nous agissons comme s'il était absent, que nous le trimballons, nous le disputons en cas de séparation parentale, chaque fois qu'il devient un moyen de pression, de manipulation, nous le traitons en objet.
En grandissant, il se percevra lui-même en tant qu'objet, que l'on peut casser, maltraiter, oublier. Et traitera les autres de même.
L'enfant est-il un droit? Le désir d'enfant, naturel, est-il un désir comme un autre, qu'il suffit de satisfaire? L'adoption pose ces questions. LA GPA aussi.
Je n'ai pas de réponse définitive. Seulement un sentiment. Donner vie n'est pas un droit mais une responsabilité.
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