En débroussaillant notre jardin, nous sommes tombés sur un bébé tortue, âgée d'un an tout au plus. Pour la protéger des engins, nous l'avons accueillie et installée dans une caisse avec de l'herbe.
La tentation était grande de l'adopter. Elle était si mignonne, si vulnérable. Risquait-elle l'attaque d'un prédateur, du pied maladroit d'un promeneur, de la sécheresse? Voir grandir cette petite vie à nos côtés était tentant.
Sauf que... NON!
Nous sommes les plus grands prédateurs de cette vie sauvage, qui n'a pas besoin de nous pour s'épanouir.
L'homme domestique l'animal depuis le néolithique, les chiens encore plus tôt. Aujourd'hui ces derniers sont dépendants de nous. Nous les aimons bien sûr, beaucoup, moi la première. Mais...
Les animaux qui ont eu la chance de demeurer dans la nature, dans leur nature, doivent y rester. On peut discuter longtemps du bien fondé des zoos. Oui, ils participent de l'étude, la recherche et la conservation de quelques espèces en danger. Oui, ils permettent l'éducation en permettant à nos enfants de les connaître.A quel prix? Interrogeons-nous sur la vie en geôle de ses animaux, qui ne sont rien d'autres que nos frères en Vie.
Et bannissons les cirques qui transforment ces merveilleuses créatures en esclaves de notre plaisir voyeur. Les jeux du cirque, vous vous souvenez? Des humains se repaissaient du spectacle d'humains réduits en esclavage et mis à mort sous le regard avide de spectateurs que la souffrance de l'autre rassure car il l'a mise à distance, l'a exorcisée. Le cirque contemporain n'est pas différent. Ce ne sont plus des humains, mais posons-nous la question de la valeur de la vie animale.
La culture judéo-chrétienne nous a appris que l'homme était le maître de tous les autres règnes. Nous avons cru comprendre que cela nous donnait tous les droits; ainsi, nous avons petit à petit asservi notre planète et ses richesses pour notre seul intérêt immédiat, ou presque immédiat. Surtout, surtout, nous avons oublié qu'être maître donne des devoirs plus que des droits. Nous avons enfermé notre responsabilité aux oubliettes. Nous avons fait fructifier, oui, puis nous avons abusé. Nos terres, nos mers, nos animaux ont été violés, violentés, empoisonnés, épuisés.
Un lent réveil est en train de se produire. Nous ouvrons doucement les yeux sur les catastrophes que nous avons engendrées. Et il ne s'agit pas aujourd'hui de se noyer dans la culpabilité, qui ne sert à rien qu'à nous paralyser. Nous devons comprendre que qui nous étions hier n'est pas qui nous sommes aujourd'hui. Qui je suis commence maintenant. A tout instant nous pouvons modifier, transformer notre façon de regarder et d'agir.
Regarder notre planète et ses habitants, tous, quels qu'il soient, avec le respect et l'amour qui leur est dû. Et souvenons-nous que c'est aussi dans notre propre intérêt.
Alors, petite tortue, le débroussaillage terminé, nous t'avons hier re-déposer dans ta nature, qui est aussi la nôtre. Nous avons vu immédiatement combien tu étais heureuse de sortir de ton confinement. Tu as sorti ta petite tête et sans attendre tu t'es mise en marche pour l'aventure de ta vie.
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