j'ai mal à ma France

J'ai mal à ma France. Mal à son histoire. Mal à son futur. Mal à son présent. J'ai mal à son esprit d'ouverture, vers les autres et le monde. Mal à son esprit d'accueil, depuis les premiers Lombards au 12ème siècle, les vagues d'Européens de l'Est, les Italiens, les Espagnols et les Portuguais, puis tous ceux arrivés ici suite à la décolonisation (et n'oublions pas que dans décolonisation, il y a colonisation...). Mal à son ventre et sa tête, qui croient qu'elle résoudra ses problèmes en se recroquevillant sur elle-même.

Je n'ai pas honte, j'ai mal.

Tous ces gens qui ont voté à l'extrême droite, ne sont ni meilleurs ni plus mauvais que les autres. Ils sont déspespérés, ils ont peur, et à eux peuvent s'ajouter tous ceux qui n'ont pas osé voter pour Marine Le Pen et n'en pensent pas moins et ont voté pour la droite de la droite. Cela fait beaucoup, beaucoup de monde. Je n'ai pas honte. Nous avons sans doute, collectivement, ce que nous avons attiré petit à petit depuis des décennies à coups de gouvernance aveugle qui ont creusé la tombe de la confiance.

Le peur monte et les discours de tous horizons la cultivent soigneusement. Peur de l'autre, de demain, du changement.

Mais qu'importe ce que j'écris. Nous sommes peut-être aspirés dans une spirale qui nous entraîne vers le chaos. Peut-être est-il nécessaire pour qu'en sorte l'harmonie. On dit de chaque individu qui reste sourd aux avertissements de la vie qu'elle frappe de plus en plus fort jusqu'à ce que notre conscience s'entrebaille enfin.  En est-il de même au niveau collectif? N'avons-nous rien appris des horreurs du 20ème siècle, ici et ailleurs? La vie doit-elle frapper plus fort?

Je n'ai pas honte, j'ai mal.

Mes frontières sont ténues, depuis bien longtemps je me sens citoyenne du monde. Mais ce petit bout de terre sur lequel je suis née me tient à coeur, il m'a construite en partie, m'a donné des valeurs et du pain. Je n'aime pas la voir souffrir et se tordre.

A notre tour, ne cédons pas à la peur. Ne répondons pas à la peur par la peur ni par l'invective. Relativisons. Les élections européennes sont depuis pas mal de temps l'occasion d'exprimer le ras-le-bol. Les institutions européennes semblent loin à beaucoup qui ne voient pas que  l'Europe, c'est chacun de nous.

Ne cédons pas à la peur. N'ayons pas honte car cette honte nous rapetisse, nous recroqueville, nous tord. Restons nous-mêmes. Toujours plus profondément vers le coeur de notre être, qui est le coeur de chacun et de tous, individuellement et collectivement.

 

 

Comments

[Rédigé par : Pascal]

Bonjour Etre humain de la planète Terre :-) – Lorsque vous dites : « Je crois qu'une "vraie" démocratie devrait être un creuset où chacun ait le droit d'aller vers lui-même. Et cela non par défaut, comme le propose l'individualisme grégaire actuel mais par choix. Bien que basée sur "l'individualisme sain" qu'a fait naître la Renaissance, notre démocratie s'embourbe actuellement en souhaitant lisser les différences et les particularités (à dire que tout est pareil car relatif).», je suis bien d’accord avec vous pour dire que chacun doit aller vers lui-même par choix et non pas par défaut. Cela me semble très juste et me rappelle le passage noté ci-après dans lequel M.L.von Franz parle de la qualité que doit avoir la construction intérieure, parle de la fluidité et de la souplesse de la "pierre des sages": « .......Vous pouvez vous demander si un durcissement ne transparaît pas à nouveau, une rigidité : cette attitude ne consiste-t-elle pas à se mettre à l'abri ? La réponse est non, car de ce rocher coule la source de vie ; c'est la pierre que Moïse a frappée et dont il a miraculeusement obtenu l'eau de la vie. Ce roc est également une source, il est donc d'une extrême fluidité et se situe à l'opposé de la rigidité ou de la dureté. - Cette aptitude à être souple mais inébranlable fait dire à Jung que, lorsque le processus d'individuation se poursuit inconsciemment, il rend l'individu cruel et dur envers ses semblables, alors que, s'il est conscient, il conduit à la pierre philosophale, à la fermeté au sens positif du terme et non à un durcissement de la personnalité. On ne se laisse plus facilement dissocier désormais, ni balayer par les émotions jusqu'à perdre son point de vue sous la pression de la contrainte collective, mais on ne se durcit pas non plus jusqu'à refuser toute influence. » Marie-Louise von Franz, "Alchimie – Une introduction au symbolisme et à la psychologie ", Neuvième cours : Aurora Consurgens - Éditions La Fontaine de Pierre — P.S. Une "vraie démocratie" ne peut sans doute naitre que d’une population dont un suffisamment grand nombre de membres est "individué", et non pas individualiste.

[Rédigé par : Etre humain de la planète Terre]

Bonjour Pascal, Je vous rejoins tout à fait. La pauvreté qui s'étale à l'extérieur est le reflet de notre propre pauvreté. Et ce n'est sûrement pas en la laissant à d'autres que nous apprendrons à la gérer. Quand bien même nos représentants politiques peuvent nous promettre croissance et prospérité économique, ces dernières ne peuvent venir que de nous. Aussi, ce dont nous devrions avoir honte, c'est de remettre perpétuellement notre pauvreté à d'autres, d'être perpétuellement en attente de quelque chose qui vienne de l'extérieur. C'est à chacun qu'il revient d'épouser, de mieux gérer sa misère

[Rédigé par : Etre humain de la planète Terre]

Réflexion faite, je me dis que l'actualité du jour prouve que notre gouvernement n'a vraiment rien compris. Dix jours après la débâcle européenne était-il vraiment de bon ton de s'attaquer aux régions et au peu d'identité que celles-ci peuvent encore représenter aux yeux de certains citoyens ? J'ai vraiment l'impression que nos représentants font actuellement tout à l'envers.

[Rédigé par : Etre humain de la planète Terre]

Je fais suite à mon précédent commentaire pour insister sur l'importance que nous devons donner à nos espoirs, à nos émotions, à nos désirs, à l'inconscient... Je crois qu'une "vraie" démocratie devrait être un creuset où chacun ait le droit d'aller vers lui-même. Et cela non par défaut, comme le propose l'individualisme grégaire actuel mais par choix. Bien que basée sur "l'individualisme sain" qu'a fait naître la Renaissance, notre démocratie s'embourbe actuellement en souhaitant lisser les différences et les particularités (à dire que tout est pareil car relatif). Face à cette impossibilité de différer et d'être soi-même, je crois qu'il ne faut pas s'étonner que beaucoup de français se radicalisent et optent pour le nationalisme. Mon propos tient, évidemment, beaucoup plus à tenter de cerner les ressorts inconscients du vote frontiste qu'à le justifier. Et il serait de bon ton que nos représentants actuels se penchent sur ces raisons pour éviter le pire ...

[Rédigé par : Pascal]

Hier soir, dans la rue, un homme tendait la main pour demander, humblement, "une petite pièce". Une petite pièce et un petit droit de vivre... Un droit de vivre malgré son dénuement financier, un droit de vivre malgré tout ce que nous entretenons, en nous et donc aussi au dehors, qui s’oppose à la vie d’une part de l’humanité... Pourquoi cet homme n’aurait-il pas, autant que moi et autant que chacun, ce droit de vivre et pourquoi n’aurait-il pas toutes les petites et toutes les plus grosses pièces de monnaie nécessaires à l’entretien de sa vie ? Quelles sont donc "les bonnes raisons" que nous aurions de refuser le droit de vivre à l’un de nos frères humains ? Comment et pourquoi n’avons-nous pas honte - vraiment honte ! - de voir chaque jour dans la rue des frères et des sœurs mendier un droit de vivre ? Lorsqu’elle se fonde principalement sur le principe du "struggle for life", sur la loi du plus fort au détriment du plus faible, sur la règle du profit maximum imposé au monde entier (mondialisé) sans souci des conséquences sur la vie des hommes et sur la vie de la planète entière, sur la séparation et sur l’exclusion, etc. ; la politique ne peut conduire les peuples que vers les difficultés incessantes, vers les conflits, les guerres, les destructions. C’est EN NOUS que prend racine le mal que nous voyons s’étendre au dehors. En nous, pas ailleurs. C’est d’abord EN NOUS que "la politique" doit changer, car c’est de nous tous qu’elle naît telle qu’elle se manifeste "au dehors" : la nouvelle conscience est celle qui ne perçoit plus l’humanité comme des milliards de "moi" irrémédiablement séparés et en lutte les uns contre les autres, la nouvelle conscience dont nous sommes prégnants est la reconnaissance de notre unité profonde, de notre fraternité utérine dans la grande matrice universelle, la conscience d’un moi qui se sait fils ou fille du Soi et frère ou sœur de tous les enfants du Soi. Cette conscience est-elle en train de faire ses premiers pas au travers des ruines et des chaos qui nous accablent et nous menacent ? Est-elle la conscience associée à l’ère du Verseau dans laquelle nous entrons après celle, écoulée, des Poissons... ? Il nous faut le souhaiter et l’appeler, DE TOUT CŒUR, car la résistance qu'elle rencontrera, qu'elle éveillera, sera proportionnée à l’importance majeure de ce changement.

[Rédigé par : Etre humain de la planète Terre]

Alors oui il faut aider les personnes démunies. Mais il s’agit certainement moins de leur donner de l’argent venu de nulle part qu’à leur donner l’envie de participer et d’œuvrer à ce fameux « vivre ensemble ». Je crois que les moyens financiers sont peu de choses face à l’envie, l’enthousiasme et la volonté d’être à la fois individuellement et collectivement le changement que nous voulons voir dans le monde.

[Rédigé par : Etre humain de la planète Terre]

Sur quoi reposent les solutions politiques actuellement proposées ? Sur une volonté du peuple ou sur une volonté simplement économique ? Nous faisons trop souvent l’amalgame entre prospérité économique et richesse citoyenne. La deuxième ne procède pas forcément de la première. C’est bien plutôt l’inverse. C’est lorsqu’il existe du lien social, une confiance citoyenne qu’un peuple peut prospérer. La misère sociale n’engendre que rarement la prospérité

[Rédigé par : Etre humain de la planète Terre]

Si, personnellement, je crois sincèrement que nous pouvons "démocratiser" plus encore notre démocratie, je suis malheureusement persuadé que nos dirigeants actuels ne souhaitent en aucun cas cela. S'ils prenaient véritablement conscience, comme ils l'annoncent, de ce qui arrive, ils s'attacheraient davantage à ce problème qu'à celui du pouvoir d'achat. Simplement, c'est bien moins "vendeur" en ces temps de "crise". Ils veulent ces réponses "rapides", "concrètes" et "efficaces" qui ne sont que poudre aux yeux. Une maison n'est bien construite que lorsqu'elle a de solides fondations

[Rédigé par : Etre humain de la planète Terre]

Bonjour Isabelle, Je vois, dans ces résultats, bien plus une défaite d'un système démocratique qu'une victoire du front national. Cela fait peut-être vingt ans que le système démocratique représentatif ne fonctionne plus. Je crois que ce sont nos politiques "traditionnels" qui, à force de démagogie, ont laissé le champ libre au front national. Je considère que rien, ou presque, n'a été fait pour sensibiliser à l'esprit civique et démocratique. Nous faisons chaque jour comme si la démocratie était un acquis. Nous faisons comme si il ne fallait pas débattre ni se battre pour la maintenir. Nous voyons où cela nous mène. Le peuple français a, hier, donné un peu plus de pouvoir encore à un parti d'extrême droite ... Je crois qu'il ne nous reste plus qu'à espérer que cela donne l'envie de pratiquer autrement la démocratie.

[Rédigé par : Marielle]

... moi ça me rend triste !...Il y a tant de défis à relever, tant de futurs nouveaux à construire... le présent demande du courage, de l'imagination, de l'audace, de la foi... mais pas l'immobilisme, pas en voulant retourner en arrière et pas avec ces valeurs là. Oui, le changement fait peur, oui notre monde a grand besoin de changement et en même temps je me dis que, comme en thérapie, visons le plus petit changement... Et quand je regarde, ce qui se passe autour de moi, je vois, des petits changements, ici, là, et encore là, de plus en plus. C'est un changement de conscience, un changement dans le cœur de l'individu. Mais après le vote d'hier, je constate que la résistance, est là elle aussi, et bien là !...